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Le rêve féminin en peinture
22 janvier 2018

Le cauchemar - FÜSSLI

 

Le Cauchemar - FÜSSLI.
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Cette peinture a été réalisé au XVIIIe, dans le siècle des philosophes des Lumières. Parallèlement à la Lumière, un courant s’opposa : l’Obscurantisme. Les thèmes sont donc souvent ésotériques, parfois démoniaques.
Le Cauchemar -
Johann Heinrich Füssli (1741-1825), peintre et écrivain d’art britannique d’origine suisse.
 
Füssli essaye de se rapprocher de la tradition Odalistique du courant de son époque. L’un des détails qui frappe le plus dans Le Cauchemar, est le fort contraste entre la noirceur du fond du tableau et l’extrême blancheur du personnage féminin. Allongée sur un lit, le titre du tableau suggère que cette femme dort. Or, la position est loin d’être la plus adéquate pour somnoler : elle paraît plus écroulée qu’allongée, la tête pendante sur un bord du matelas, la jeune femme paraît évanouie et en proie à ses cauchemars. La nuque offerte, les bras nus car elle est vêtue d’une tenue légère, qui semble très fine, peut-être en soi, et les yeux fermés, elle se voit donnée aux monstres effrayants qui l’entourent.
Pour ces raisons, certains ont vu dans ce tableau une métaphore du viol d’une beauté Profanée.
Mais alors, qu’est-ce que l’odalisque? C’est une femme blanche, habillée simplement et dont les attributs s’offrent au public, et dont ils sont fièrement exhibés.
Elle garde habituellement les yeux ouverts. Certaines regardent même les spectateurs l’admirant. Dans le personnage féminin de Füssli nous ne retrouvons pas cette tradition. Chaque courbe est modelée, mettant en évidence les formes de la femme mais sans jouer de l’outrance.
L’espace de privacité est suggéré subtilement au spectateur : on perçoit un lit, le bois de ses pieds et le matelas blanc ; la table de chevet dispose de plusieurs flacons. Ces détails nous suffisent à identifier le lieu dans lequel se situe l’action. La pénombre, quant à elle, indique qu’il fait nuit, ce que nous laissait déjà imaginer le titre du tableau.
Si la femme est clairement reconnaissable, deux autres personnages le sont moins et demandent de nous arrêter sur eux afin de comprendre leur fonction. Le premier est la tête de cheval qui se glisse derrière les rideaux, au dernier plan.

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Sa présence est totalement incongrue et sans logique apparente. Ses yeux sont globuleux et vitreux, ses narines ouvertes laissent imaginer qu’il inspire profondément, ses oreilles dressées montrent qu’il est attentif, et sa crinière est semblable à une flamme qui s’envole. Sa position est celle du voyeur.
Il ne faut pas oublier que le thème du tableau est clairement donné par l’artiste : le cauchemar. Le propre des rêves et des cauchemar est l’irrationnel. D’ailleurs, certains ont considéré que ce cheval illustrait un jeu de mot de Füssli car en anglais mare signifie jument, et reprend la fin du mot nightmare qui signifie cauchemar.
L’autre personnage, celui qui attire le plus l’attention, est le démon assis sur le ventre de la femme.

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Les yeux écarquillés, il nous regarde fixement, avec une grimace démoniaque. Ressemblant presque à une gargouille, il s’agit d’un incube (en latin, ce mot signifie « couché sur ») et donc un démon qui veut abuser de sa proie. On retrouve donc ici l’image du viol, que certains voit comme une métaphore de la beauté profanée.
Ainsi, Le Cauchemar de Füssli n’est pas seulement à comprendre dans son sens de mauvais rêve mais aussi dans sa dimension horrifique, le message caché derrière tout ça.
Le caractère irrationnel et fantasmagorique est présent dans cette peinture par le cheval et l’incube.
Étant donné que peu de détails de la chambre nous sont visibles, on peut fortement imaginer que l’action donnée à voir est une intrusion, mais pas uniquement fantomatique : le démon assis, celui qui nous fait face, soutient notre regard pour nous placer dans la même position.
Tout comme lui, nous, spectateur regardons cette femme endormie, profitons de ce moment fragile qu’est le sommeil pour nous introduire dans sa chambre et admirer le spectacle.
Nous sommes donc tout autant responsable de l’horreur de la scène que l’incube.
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